Mohammed VI et la régionalisation : nous n’aurons pas les mains liées par l’affaire du Sahara
Dans un discours historique prononcé à Marrakech, le souverain marocain a annoncé le lancement du chantier de la régionalisation au Maroc, ainsi que l’installation d’une commission ad-hoc- la Commission Consultative de la Régionnalisation(CCR)- qui aura six mois pour remettre sa copie au chef de l’Etat. Plus qu’ un changement, c’est un véritable bouleversement de la région et de la gestion décentralisée qui s’annonce, le Souverain marocain ayant clairement montré le chemin à suivre « Il s’agit, tout d’abord, de l’avènement de régions à part entière viables et stables dans le temps, fondées sur des critères rationnels et réalistes, inhérents à un système de régionalisation nouveau ». L’imitation de systèmes étrangers de gestion décentralisée n’est pas une option retenue par Mohammed VI, qui souhaite voir l’émergence d’un modèle « marocco-marocain », qui est appelé à devenir « un modèle de régionalisation avant-gardiste pour les pays en développement » , le souverain ajoutant « Nous entendons ainsi conforter la place privilégiée de notre pays, comme exemple à émuler, lorsqu’il s’agit de prendre des positions nationales audacieuses et d’apporter des réponses marocaines créatrices à des questions marocaines majeures. »
Les provinces du sud sont, bien entendu, concernées au premier chef par ce programme ambitieux, puisqu’elles bénéficieront en priorité de la régionnalisation avancée. Le roi rappelle ainsi la prééminence de cette question et réaffirme l’importance du plan d’autonomie présenté par le Maroc aux Nations Unies : « Nous entendons, entre autres objectifs majeurs, placer nos provinces du Sud récupérées parmi les premiers bénéficiaires de la régionalisation avancée. ». Pointant du doigt l’immobilisme des autres parties impliquées dans le dossier saharien, le souverain a affirmé avec fermeté que « Le Maroc, en effet, ne peut se cantonner dans l’immobilisme, alors que les adversaires de notre intégrité territoriale s’évertuent à entraver le processus onusien visant à trouver une solution politique réaliste et mutuellement acceptable au conflit artificiel suscité autour de ces provinces, solution fondée sur Notre Initiative d’autonomie, réservée au Sahara marocain. ». La voie est donc ouverte, et les 21 experts de la commission auront du pain sur la planche tant cette initiative est vaste et appelle à de nombreuses évolutions réglementaires et juridiques afin d’être déployée.