Sahara occidental : le Parlement européen met l’Algérie sous pression
Vingt-quatre heures après la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, le Parlement européen a exigé mercredi de l’Algérie le recensement de la population de Tindouf afin de mettre un terme aux détournements de l’aide internationale et au chantage mené par le Polisario au nom d’une population démunie.
Lors de la séance plénière tenue mercredi 29 avril à Strasbourg, les eurodéputés ont adopté une résolution qui conditionne également le maintien de l’aide humanitaire européenne au recensement de la population dans les camps de Tindouf. La colère des députés européens est à la mesure du scandale des détournements de l’aide humanitaire internationale révélé en janvier dernier par l’OLAF.
Dans un rapport explosif, l’Office européen de Lutte Anti-fraude avait mis au jour des détournements massifs, étalés sur plusieurs années, de l’aide humanitaire internationale destinée aux camps de Tindouf. Le rapport, chiffré et très documenté, fait suite à une longue enquête qui révèle que les aides humanitaires internationales ont été détournées par des responsables algériens et des dignitaires du Polisario, le mouvement soutenu par l’Algérie qui dispute au Maroc la souveraineté sur la région du Sahara occidental.
Ces détournements à grande échelle se faisaient aux dépens de la population sahraouie de Tindouf, qui est instrumentalisée comme moyen de pression sur la communauté internationale. L’injonction du Parlement européen est d’autant plus embarrassante pour Alger qu’elle intervient au lendemain de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution appelant également l’Algérie à autoriser le recensement de la population de Tindouf. La résolution onusienne, adoptée à l’unanimité, ignore aussi les demandes de l’Algérie et de l’Union africaine pour un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des Droits de l’Homme.
Un rejet qui sonne comme un désaveu, alors que les membres du Conseil de sécurité ont pris conscience que la question des Droits de l’Homme brandie par l’Algérie était destinée essentiellement à faire diversion pour faire avorter le processus politique mené par l’ONU. Ce processus de règlement avait été initié en 2007, au moment où le Maroc avait proposé un plan d’autonomie au Sahara occidental, qui a reçu un large soutien international.