Plan Autonomie

Site de présentation et d'information sur le plan d'autonomie marocain et sur le Sahara

Philippe Bolopion

NEW YORK (Nations unies) 22.04.08

Face au Conseil de sécurité réuni à huis clos, Peter van Walsum, le médiateur de l’ONU pour le conflit du Sahara occidental, est sorti de sa réserve, lundi 21 avril, en affirmant que l’indépendance du territoire annexé par le Maroc en 1975 n’était pas, à ses yeux, « un objectif atteignable ». Dans son discours, obtenu par Le Monde, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, affirme avoir conclu, dès janvier 2006, qu’en l’absence de « pression sur le Maroc pour qu’il abandonne sa revendication de souveraineté », un « Sahara occidental indépendant n’était pas une proposition réaliste ».

M. van Walsum, nommé par l’ONU en juillet 2005, en remplacement de l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker, estime que la reprise des négociations directes entre les parties, relancées voilà un an, à Manhasset, près de New York, « ne mène nulle part ».Selon des sources diplomatiques, seuls la France, alliée du Maroc, et les Etats-Unis ont immédiatement accueilli favorablement cette présentation. L’ambassadeur d’Afrique du Sud, Dumisani Kumalo, a pour sa part estimé que les déclarations « semblaient contredire » le rapport officiel de Ban Ki-moon, qui n’exclut pas l’indépendance, et a dénoncé le « danger » d’un « réalisme » qui ne s’appliquerait pas au Maroc. Les propos de M. van Walsum « n’engagent que lui », explique aussi Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l’ONU, selon lequel l’envoyé onusien a « lui-même remis en cause la neutralité élémentaire qui doit guider tout médiateur ».

Dans son discours, M. Van Walsum affirme qu’il « n’y a pas de compromis concevable » sur l’indépendance. Si la communauté internationale favorise, selon lui, le « statu quo », c’est qu’il épargne les « choix douloureux » en faveur du Maroc ou de l’Algérie, alliée du Front Polisario. Le médiateur reproche au Conseil de sécurité de s’être retranché, dans ses dernières résolutions, derrière des formules vagues, légèrement favorables à Rabat, mais qui permettent aux deux camps de se livrer aux « explications de texte » qui les arrangent. Si le Conseil « est incapable de choisir, les parties ne le peuvent pas non plus », prévient-il.

Pour sortir de l’impasse, Peter van Walsum propose au Conseil de demander aux deux parties de retirer pour six mois leurs propositions respectives et de négocier « en présumant temporairement qu’il n’y aura pas de référendum offrant l’indépendance comme possibilité ». Le Conseil préviendrait le Front Polisario qu’il ne forcera pas le Maroc à accepter la possibilité de l’indépendance, et rappellerait au Maroc que « les Nations unies ne reconnaissent la souveraineté marocaine sur aucune partie du Sahara occidental ».

UN « DILEMME MORAL »

Peter van Walsum juge nécessaire d’opérer un compromis entre la « réalité politique », favorable au Maroc, qui occupe le Sahara occidental, et « la légalité internationale » revendiquée par le Front Polisario. Céder au réalisme, au détriment d’une « légalité pure », n’est pas nécessairement une « capitulation », affirme le diplomate, qui invoque un « dilemme moral » lorsque « la vertu de la légalité internationale est soupesée au regard des conséquences de sa quête pour les conditions de vie véritables du peuple du Sahara occidental ».

Le « statu quo », conclut Peter van Walsum, est « trop facilement accepté » par « des partisans du Front Polisario profondément impliqués, qui ne vivent pas eux-mêmes dans les camps mais sont convaincus que ceux qui y vivent préfèreraient y rester indéfiniment plutôt que de se résoudre à toute solution négociée ne permettant pas une pleine indépendance. »

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