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Les pays africains s'engagent à asseoir une véritable coopération dans le domaine du développement humain

Rabat, 07/04/07 – Les ministres africains, réunis les 6 et 7 avril à Rabat dans le cadre de la première conférence africaine sur le développement humain, se sont engagés à mettre à profit toutes les potentialités pour asseoir une véritable coopération africaine dans le domaine du développement humain.

Dans la déclaration de Rabat, adoptée à l'issue des travaux de cette conférence, les responsables africains ont exprimé la détermination de leurs pays à promouvoir cette coopération dans leurs stratégies et plans d'action aux niveaux régional et sous-régional.

Les décideurs africains se sont également engagés à encourager les partenariats interafricains entre les acteurs nationaux du développement humain en vue de partager les expériences et les expertises et de créer les synergies nécessaires pour une meilleure utilisation des ressources.

La conférence de Rabat, tenue au niveau des ministres des Affaires étrangères et des ministres en charge du Développement, encourage également la création d'un réseau africain d'experts en matière de développement humain et la mise en place de points focaux nationaux chargés de la coordination des réseaux nationaux d'expertise.

Elle appelle également à la tenue d'un forum africain des institutions en charge de la planification et des statistiques, en vue d'approfondir la réflexion sur les grilles des indicateurs du développement humain, de manière à les rendre plus adaptés aux réalités socio-économiques des pays africains et accroître ainsi la crédibilité et la pertinence des paramètres retenus pour l'évaluation des indicateurs du développement humain.

Les responsables africains ont également décidé de mettre sur pied un comité de suivi pour préparer un calendrier pour les échéances à venir, et inscrire cette conférence dans la continuité pour l'élaboration d'un partenariat stratégique sud-sud et d'une plate-forme de développement humain entre pays africain.

Concernant les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et le développement local, les pays africains se sont engagés à promouvoir les valeurs de solidarité et d'unité entre eux et agir étroitement pour l'accélération de la réalisation des OMD.

Ils ont également décidé de promouvoir des politiques économiques et sociales favorables aux couches les plus défavorisées de la population et de mettre en oeuvre de programmes spécifiques, notamment des aménagements hydro-agricoles et de diversification des sources de revenu, au profit des populations rurales, afin de remédier à l'irrégularité des performances agricoles et contribuer à la promotion de la sécurité alimentaire.

La déclaration de Rabat évoque également la mise en place, au niveau de chaque pays africain, d'un mécanisme de promotion de micro-crédit pour soutenir les capacités productives des populations démunies et la promotion des programmes d'éducation formelle et non-formelle mis en place par les pays africains et leur soutien effectif par les partenaires de développement, en vue de poursuivre et accélérer la lutte contre l'analphabétisme et la marginalisation, notamment en milieu rural.

Les ministres réunis à Rabat ont également recommandé d'accroître l'investissement dans les infrastructures et les services sociaux de base et mettre à la disposition du Fonds mondial de solidarité les financements nécessaires pour lui permettre de contribuer à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion dans les pays les plus pauvres.

La déclaration de Rabat recommande, d'autre part, la mise en valeur de l'égalité de genre, en tant que facteur de stimulation du développement économique et social de nature à assurer une participation pleine et entière des femmes pour un développement humain durable.

Les pays africains se sont mis d'accord également pour soutenir dans leurs politiques et législations de développement humain, des opportunités égales pour les femmes et les hommes pour l'accès aux ressources à l'éducation, à l'emploi et aux services sociaux et favoriser la participation des femmes dans les processus de prise de décision aux niveaux local, national, régional et international.

Pour ce qui est de la gouvernance, la conférence de Rabat a mis l'accent sur la promotion de l'émergence d'une dynamique de développement à travers la participation des populations et leur adhésion dans le processus de développement et l'encouragement de l'implication des citoyens et des entités décentralisées dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques et programmes qui leur sont destinés, qui devront être basés sur une démarche de participation, de partenariat, de cohérence et de bonne gouvernance.

Mettre en oeuvre progressivement des politiques de gestion déconcentrée en vue de soutenir la réforme de décentralisation, accroître les investissements dans les institutions de gouvernance et encourager le partage des expériences africaines en matière de décentralisation, de renforcement des capacités et de gestion des ressources, figurent également parmi les recommandations émises par la conférence de Rabat.

Organisée par le Maroc en partenariat avec le PNUD, la conférence africaine sur le développement humain a connu la participation d'une cinquantaine de ministres africains, des partenaires bilatéraux et multilatéraux, des institutions financières régionales, des représentants d'organisations internationales et régionales chargées du développement y compris celles des Nations-unies, ainsi que des organisations non gouvernementales africaines et occidentales.

 

Voici le texte intégral de la déclaration de Rabat

"1- Nous, Ministres africains des Affaires Etrangères, Ministres en charge des questions du Développement Humain et Chefs de délégation de: Algérie, Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Egypte, Erythrée, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Jamahiriya Arabe Libyenne, Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Mauritanie, Maurice, Mozambique, Niger, Nigeria, Ouganda, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Soudan, Swaziland, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe, participant à la première Conférence Africaine pour le Développement Humain, sous le thème "Coopération de proximité : Enjeux et Perspectives".

2- Réunis à Rabat (Maroc), les 6 et 7 avril 2007, pour procéder à un échange constructif sur nos expériences en matière de développement humain, à la lumière des réalisations accomplies depuis la Déclaration du Millénaire (New York, 2000) ainsi qu'à l'examen des opportunités pour une meilleure coopération Sud-Sud entre les pays du Continent.

3- Se félicitant du Message Royal adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Conférence, et qui a plaidé en faveur d'une véritable politique de développement humain en Afrique, notamment à travers le renforcement de la coopération Sud-Sud.

4- Rappelant les Déclarations, Plans d'action, ainsi que les décisions et recommandations pertinentes, telles que contenues dans les divers instruments internationaux adoptés lors des Sommets et Grandes Conférences internationaux et régionaux organisés, notamment sous les auspices des Nations Unies, de même que ceux dédiés à la coopération Sud-Sud.

5- Considérant les engagements pris par la Communauté internationale pour répondre aux besoins spécifiques de l'Afrique.

6- Convaincus que le développement humain constitue une priorité de la communauté internationale, de nature à répondre aux besoins essentiels et aspirations des populations africaines.

7- Rappelant que les engagements pris dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement constituent une dynamique nouvelle pour l'inversion de la détérioration des indicateurs du développement humain et une chance sans précédent pour l'éradication de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie des populations africaines.

8- Profondément convaincus que le développement économique et social et la protection de l'environnement constituent des éléments interdépendants qui se renforcent mutuellement dans le processus du développement humain durable.

9- Reconnaissant le rôle central de l'éducation et de la santé dans la mise en valeur des ressources humaines en vue d'un développement économique, social et politique harmonieux en Afrique.

10- Conscients que le développement humain ne peut se réaliser que dans la paix et la sécurité et réaffirmant, à cet égard, notre ferme attachement à la prévention et à la résolution pacifique des conflits.

11- Préoccupés par le faible progrès enregistré dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement et par l'insuffisance des ressources effectivement mobilisées pour leur mise en oeuvre.

12- Reconnaissant que la mondialisation constitue à la fois une opportunité et une menace pour la croissance économique et le développement humain et qu'une grande majorité de pays en développement, notamment en Afrique, n'a pas été en mesure de tirer profit des bénéfices de la mondialisation.

13- Réitérant l'attachement à la dimension développement du Cycle de Doha et soutenant la récente reprise des négociations commerciales multilatérales, au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

14- Soulignant l'importance du renforcement de la compétitivité et de la capacité d'offre des pays africains, et l'amélioration de l'accès aux marchés mondiaux de leurs produits en vue d'assurer leur développement économique et social au rythme souhaité.

15- Constatant l'urgente nécessité de s'attaquer aux problèmes sociaux les plus graves, particulièrement les maladies comme le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose, la pauvreté, le chômage et l'exclusion sociale, qui touchent le Continent africain.

16- Convaincus que les questions de la migration comportent une dimension de développement fondamentale et ont des répercussions majeures sur le développement humain, et rappelant les Déclarations, de Tunis, de Rabat et de Tripoli sur la Migration et le Développement, adoptées respectivement lors des Conférences tenues à Tunis (Tunisie) en octobre 2002, à Rabat (Maroc) en juillet 2006 et à Tripoli (Libye) en novembre 2006.

17- Convaincus que l'effort de développement demeure la responsabilité première de chaque pays et que les pays africains se doivent eux-mêmes de poursuivre leurs programmes de réformes économique et social, promouvoir l'Etat de droit, la bonne gouvernance et la démocratie, l'autonomisation des femmes dans le développement en vue de consolider les possibilités d'une croissance soutenue et durable.

18- Rappelant dans ce contexte les engagements pris par la communauté internationale et les pays développés en particulier, pour soutenir les pays africains dans leurs efforts de développement, notamment s'agissant de l'augmentation de l'Aide Publique au Développement, de l'allégement du fardeau de la dette et de l'accroissement des flux d'investissements. 19- Profondément convaincus que les groupements et institutions sous-régionaux jouent un rôle crucial pour la réalisation des objectifs d'intégration régionale et l'exploitation optimale des ressources dans leurs espaces respectifs.

20- Convaincus que la coopération Sud-Sud constitue un vecteur essentiel pour optimiser les potentialités, partager les compétences afin de promouvoir le développement humain de notre continent, et renforcer les coopérations Nord-Sud et triangulaire.

21- Convaincus du rôle et de l'implication effective de la société civile et des opérateurs privés dans la réalisation des politiques nationales de développement humain.

22- Tenant compte des expériences nationales respectives en matière de développement humain présentées par les différentes délégations :.

Nous nous engageons à :.

23- Mettre à profit toutes les potentialités pour asseoir une véritable coopération africaine dans le domaine du développement humain et renforcer notre résolution à promouvoir cette coopération dans nos stratégies et plans d'action aux niveaux régional et sous-régional.

24- Encourager les partenariats interafricains entre les acteurs nationaux du développement humain en vue de partager les expériences et les expertises, et créer les synergies nécessaires pour une meilleure utilisation des ressources.

Objectifs du Millénaire pour le Développement et développement local:.

25- Promouvoir les valeurs de solidarité et d'unité entre nos pays respectifs et agir étroitement pour l'accélération de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.

26- Promouvoir des politiques économiques et sociales favorables aux couches les plus défavorisées de la population en vue d'accroître leurs revenus et réduire leur pauvreté, notamment par la création et la diversification des activités génératrices de revenu dans les zones enclavées ou défavorisées.

27- Mettre en uvre des programmes spécifiques, notamment des aménagements hydro-agricoles et de diversification des sources de revenu, au profit des populations rurales, afin de remédier à l'irrégularité des performances agricoles et contribuer à la promotion de la sécurité alimentaire.

28- Mettre en place, au niveau de chaque pays africain, d'un mécanisme de promotion de micro crédit de façon à soutenir les capacités productives des segments des populations démunies.

29- Promouvoir les programmes d'éducation formelle et non-formelle mis en place par les pays africains et leur soutien effectif par les partenaires au développement et ce, en vue de poursuivre d'une manière plus efficace et plus accélérée la lutte contre l'analphabétisme et la marginalisation, notamment en milieu rural.

30- Elaborer, mettre en uvre et soutenir dans nos Etats des plans d'action pour la lutte contre le VIH-Sida, le paludisme, la tuberculose, et l'accès aux médicaments à coûts abordables.

31- Accroître l'investissement dans les infrastructures et les services sociaux de base.

32- Encourager la mise à la disposition du Fonds Mondial de Solidarité, créé par l'Assemblée Générale des Nations Unies, le 20 décembre 2002, les financements nécessaires pour lui permettre de contribuer à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion dans les pays les plus pauvres.

Egalité de genre :.

33- Promouvoir l'équité et l'égalité de genre, en tant que facteur de stimulation du développement économique et social de nature à assurer une participation pleine et entière des femmes pour un développement humain durable.

34- Soutenir dans nos politiques et législations en matière de développement humain, des opportunités égales pour les femmes et les hommes pour l'accès aux ressources à l'éducation, à l'emploi et aux services sociaux,. 35- Favoriser la participation des femmes dans les processus de prise de décision aux niveaux local, national, régional et international.

Gouvernance :.

36- Promouvoir l'émergence d'une dynamique de développement à travers la participation des populations et leur adhésion dans le processus de développement.

37- Encourager l'implication des citoyens et des entités décentralisées dans l'élaboration et la mise en uvre des politiques et programmes qui leur sont destinés, qui devront être basés sur une démarche de participation, de partenariat, de cohérence et de bonne gouvernance.

38- Mettre en uvre progressivement des politiques de gestion déconcentrée en vue de soutenir la réforme de décentralisation visant l'amélioration de l'impact direct des programmes de développement auprès des populations.

39- Accroître les investissements dans les institutions de gouvernance en vue de renforcer les capacités des acteurs, notamment au niveau de la planification, de l'élaboration et le suivi des politiques de financement et de la gestion des ressources.

40- Encourager le partage des expériences africaines en matière de décentralisation, de renforcement des capacités et de gestion des ressources, en se fondant sur les bonnes pratiques.

Nous encourageons :.

41- La création d'un réseau africain d'experts en matière de développement humain et la mise en place de points focaux nationaux chargés de la coordination des réseaux nationaux d'expertise.

42- La tenue d'un forum africain des institutions en charge de la planification et des statistiques, en vue d'approfondir la réflexion sur les grilles des indicateurs du développement humain, de manière à les rendre plus adaptées aux réalités socio-économiques des pays africains et accroître ainsi la crédibilité et la pertinence des paramètres retenus pour l'évaluation des indicateurs du développement humain.

43- Nous décidons de mettre sur pied un Comité de Suivi composé du Bureau élargi de la Conférence ouvert, afin de soumettre des propositions pour la préparation de la prochaine Conférence et l'inscrire dans la continuité en vue de l'élaboration d'un partenariat stratégique Sud-Sud et d'une plateforme de développement humain entre pays africains. Ce Comité de Suivi se réunira dans un délai de 6 mois.

44- Exprimons nos vifs remerciements au Gouvernement du Royaume du Maroc, pour son hospitalité et l'excellente organisation de cette Conférence.

45- Accueillons favorablement la proposition de la République Gabonaise d'abriter la deuxième Conférence Africaine sur le Développement Humain en 2009.

Rabat, le 7 avril 2007".

 

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