L’autonomie au Sahara Occidental, telle que perçue par Carnegie Endowment
Le Maroc, dans sa proposition d’autonomie pour le Sahara Occidental, a adopté une approche à double voies.
Le « Carnegie Endowment for International Peace », un think-tank de renommée internationale, spécialisé dans les questions de politique étrangère, a décortiqué dans une récente analyse très pragmatique, la solution marocaine telle qu’elle se présente sur le terrain.
L’approche marocaine, comme l’explique l’auteur de l’analyse, Jacques Roussellier, professeur à l’université militaire américaine, se base sur deux volets. Le premier volet consiste en un développement économique et humain prudent et équilibré au Sahara, tandis que le deuxième volet politique est axé sur le plan d’autonomie y compris les concepts de la régionalisation et de la décentralisation qu’elle implique.
Partant de sa conviction que le développement escompté finira par diluer le litige autour du Sahara Occidental, commente le chercheur, le Maroc s’est lancé depuis près de trente ans, dans un ambitieux plan visant à hisser cette région à un niveau de développement comparable à celui des autres régions du pays.
Dans ce contexte, l’analyse rappelle que le Sahara abrite 2,7 pc de la population globale du Maroc et contribue à hauteur de 4 pc au Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. En revanche, la région compte encore un taux relativement élevé de chômage largement dû à une urbanisation rapide d’une société autrefois nomade. La résorption de cette problématique passe inéluctablement par une croissance soutenue et une flexibilité du marché de l’emploi, assure Roussellier qui va bientôt publier un livre intitulé « Perspectives au Sahara occidental: mythes, nationalisme et géopolitique ».
En termes d’indice de développement humain, précise-t-il, la région du Sahara devance globalement toutes les autres provinces du Maroc, que son niveau de développement demeure supérieur à la moyenne dans tout le monde arabe.
Pour des raisons économiques et politiques, explique le chercheur, Rabat s’est engagé dans une évaluation complète de sa politique de développement dans la région du sud, en examinant le lien crucial entre développement, stabilité et règlement durable du conflit.
Pour réussir le pari du développement au Sahara, le Maroc se doit de relever plusieurs défis, comme il a besoin d’une feuille de route politique et d’un soutien international pour sortir à l’évidence le statut futur du territoire.